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Aurélie Carnel, femme ingénieure maîtrise d’ouvrage qui a trouvé sa voie


25 Sep 2022

Aurélie Carnel, sur projet Eole

Présentation de l’ingénieure

Aurélie est diplômée de l’Icam depuis 2005. Elle a choisi le parcours Ingénieur Icam intégré à l’Icam site de Lille. Bien qu’elle n’a pas toujours su quelle voie emprunter pour faire le métier de ses rêves, elle a toujours eu l’intuition qu’elle devait s’orienter vers des métiers techniques. Aujourd’hui, directrice d’opérations EOLE, elle orchestre la construction d’une gare souterraine à la Défense. Elle exerce ce métier complexe avec passion en plaçant toujours l’Homme et les relations humaines au cœur de ses préoccupations.

Transcription du podcast

Camille Schneller [00:00:06]Quand on est ingénieur généraliste, il existe des chemins tout tracés, des voies royales qui peuvent paraître intimidantes. Et pourtant, être ingénieur dans l’industrie ou dans le bâtiment offrent une multitude de possibilités et de corps de métiers pour se réaliser. Plus le domaine est vaste, plus le champ des possibles est grand. Et puis, bien sûr, on peut aussi participer à la transition écologique d’une vieille centrale allemande, aider à développer l’agro-écologie au Cameroun, diriger une entreprise dans la santé tout en étant député, développer le réseau de chargeurs pour les voitures électriques en Europe, être chargé d’affaires pour la construction de bâtiments en France et dans le monde ou encore étendre les transports publics dans notre belle capitale : Paris. 

Qu’as-tu retenu de ton parcours à l’Icam ?

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:00:46]Ce que je retiens en priorité de mon apprentissage et de cette période de vie au sein de l’Icam, ça n’est pas en premier lieu les aspects techniques. 

Camille Schneller [00:00:57]Pendant toute sa jeunesse, Aurélie Carnel ne savait pas quel chemin emprunter pour choisir le métier de ses rêves. À Lille, elle trouve sa voie en devenant élève ingénieur Icam intégré. Son intuition de s’orienter vers des métiers techniques se confirme. Aujourd’hui, Aurélie est passionnée par ce qu’elle fait. Elle participe à l’agrandissement de la ligne du RER E en Ile de France. Elle est la chef d’orchestre de projets d’envergure colossale, à la portée séculaire et à la dimension unique. 

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:01:27] – Mes parents étaient exploitants agricoles et plus précisément pépiniéristes, donc la production de végétaux. Et progressivement, ils se sont plutôt orientés sur la création de jardins et l’entretien. J’ai été baignée dans un univers assez végétal mais aussi assez mécanique puisque j’ai un papa qui aimait énormément bricoler, faire par lui-même. Il avait constamment un certain nombre d’activités autour d’adaptations, de création et de modifications d’engins agricoles pour son métier. Il a toujours été très friand de comprendre les mécanismes. Il dérivait assez souvent sur les dessins techniques et j’ai eu la chance d’avoir par exemple un ordinateur, en tout cas de pouvoir accéder à des ordinateurs dès toute petite et d’essayer de me familiariser avec ces choses du monde moderne. 

[00:02:26] En grandissant, je me suis confrontée à des questions, comme tous les jeunes et les adolescents, de savoir quoi faire plus tard. C’est une question qui a toujours été un peu floue. Je n’avais pas forcément de passion dévorante, d’environnement de prédilection qui pouvait réussir à me faire me projeter avec des certitudes. Ça peut être des abîmes de réflexion et des sources de difficultés, un petit peu d’angoisse, certainement. En tout cas, j’avais l’envie et l’intuition de travailler à terme, ou en tout cas de poursuivre des études dans un monde technique, sans réussir à savoir et à choisir quel domaine en particulier. Et donc, j’ai fait toute ma réflexion d’orientation post-bac avec cette idée-là qui a mûri au fur et à mesure des mois et qui a été une évidence lors d’un certain nombre de rencontres, de découverte des différentes écoles et des différentes formations. J’ai entendu parler de l’Icam parce que j’avais ma camarade de chambre à l’internat dont le frère avait fait l’Icam et que je connaissais un petit peu et qui m’avait permis de comprendre les particularités de l’école et du coup, de le mettre dans la liste des écoles à visiter ou en tout cas à découvrir.

Pourquoi avoir choisi l’Icam, école d’ingénieur en France ?

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:03:42] – Ce qui m’a plu dans l’Icam, c’est de rencontrer une école d’ingénieur orientée sur les sujets techniques, sans spécialisation, avec un panel assez large de domaines d’études qui permettaient du coup de ne pas discriminer ou de ne pas aller trop vite dans un choix d’un domaine en particulier et de rester très généraliste. J’ai eu mon bac en l’an 2000, j’ai intégré l’Icam en prépa intégrée à Lille.

Raconte-nous ton cycle ingénieur généraliste parcours intégré

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage – Les deux premières années sont des années de prépa équivalentes à un programme de prépa classique. Ce n’est pas l’époque dont j’ai le meilleur souvenir, néanmoins, ça a permis une vraie rencontre au sein de la résidence qui est au cœur de l’école et qui, au delà de donner la capacité de vivre en style campus, permet une vraie fraternité et le développement d’un esprit de corps et d’équipe qui est fort, qui permet d’emmener tout le monde et d’essayer d’accompagner chacun dans ses réussites ou ses difficultés. Alors ce qui est certain, c’est que dans le parcours intégré, le fait d’avoir deux ans de prépa ingé et puis après trois ans de cycle école, il y a une vraie rupture au bout des deux ans puisqu’on quitte un système extrêmement scolaire et qui ressemble plus au fonctionnement d’un lycée et on bascule dans quelque chose d’un peu moins rigide, de beaucoup plus ouvert et de beaucoup plus concret.

Préférence entre les deux années de prépa & les trois années de cyle ingénieur ?

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:05:10] – J’ai vraiment beaucoup apprécié ces trois années de cycle ingénieur par cette mise en pratique. Le fait de pouvoir expérimenter fait vraiment du bien et a été très intéressant. Ma promotion a été la deuxième ou troisième promotion concernée par la proposition d’expériment faite par le Groupe Icam.

L’expériment, c’est quoi ?

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage – C’est quatre mois qui sont donnés à l’étudiant pour faire ce qu’il a envie en structurant un projet. Le champ des possibles et de tous les possibles est laissé. Et l’objectif, c’est d’essayer d’en faire un moment de découverte, et pour soi et pour son rapport à l’autre et au monde. C’est formidable ! C’est aussi extrêmement flippant avec la question de dire : “qu’est ce qui est au fond important pour nous ? De quoi on a envie ? Qu’est ce que je veux faire de cette période ?”. Et mon objectif, personnellement, était assez simple, c’est que je voulais être utile. Alors bon, bah du coup, c’est quand même pas le plus clair non plus. Et c’est l’époque ou le groupe Icam se développait à l’international et notamment en Afrique centrale. Et Jean-Gabriel Prieur, qui était un ancien directeur de l’école d’ingénieur, était en charge d’accompagner ce développement et a proposé un poste entre guillemets ou en tout cas une opportunité pour quelqu’un qui faisait un expériment d’aller rejoindre l’équipe pédagogique de l‘école à Pointe-Noire au Congo. Et j’ai décidé de me plonger dans cette aventure-là et donc j’ai rejoint pour quatre mois en 2003, l’équipe pédagogique de l’IST à Pointe-Noire au Congo. Je les ai aidés à recruter la seconde promotion. Il faut se remettre un peu dans le contexte. À cette époque-là, il y a des cabines téléphoniques, tout le monde n’a pas de smartphone et encore moins d’adresse mail. On vit avec MSN et on communique alors certes mieux qu’avant, mais en tout cas pas comme aujourd’hui. Une grosse partie de la promotion a, par exemple, créé une adresse mail juste pour cette expérience-là. C’est une plongée dans l’inconnu qui est encore plus intense que si on devait le faire aujourd’hui. Et puis, en arrivant sur place, j’ai assez vite retrouvé un fonctionnement équivalent à ce que j’avais vécu à l’Icam de Lille puisqu’il y avait plusieurs ingénieurs Icam et puis, la pédagogie et le fonctionnement de l’école étaient quand même inclus dans le groupe et donc avec un certain nombre de valeurs et d’accompagnement équivalents. Donc ça s’est très vite simplifié. J’ai été élevé dans une famille assez nombreuse, j’ai toujours été entourée. Depuis toute petite, j’ai vécu quatre ans en internat, puis après, je suis rentré à l’Icam avec un fonctionnement un peu d’internat puisqu’on vivait tous sur le site de l’école, à vivre constamment en groupe. Et là, pour la première fois, je me retrouvais véritablement seul dans un environnement différent et beaucoup plus adulte que ce que j’avais jamais vécu. Une des premières choses que j’en retire, c’est d’avoir appris à vivre seule, la découverte de l’environnement, de le faire en autonomie. C’est un peu particulier parce qu’on se retrouve à plus de 100 à avoir vécu cette expérience individuelle tellement différente les uns des autres. Et en même temps, très vite, on a immergé dans la suite. Donc ça a fait vraiment une bulle, une parenthèse très personnelle et qui fait du bien, mais en même temps qui reste un moment à soi et qui n’est pas toujours facile à partager et à faire comprendre à la famille, ça, c’est certain, à nos amis de l’école aussi, même si pour le coup, eux, ils comprennent cette particularité d’avoir vécu quelque chose de fort et de ne pas pouvoir toujours correctement le partager, parce que c’est aussi lié à l’instant qu’on vit et qu’on n’a pas partagé. Donc, on passe très vite à la suite. Alors moi, j’ai vraiment beaucoup apprécié ces trois années de cycle ingénieur par cette mise en pratique et le fait de pouvoir expérimenter tout en apprenant des sujets plus théoriques. Il y a une part forte laissée justement à l’expérimentation et à l’expérience dans tous les sens du terme, qu’elle soit technique ou humaine, qui fait vraiment du bien et qui a été assez intense mais très intéressante. 

Les deux dernières années du parcours ingénieur généraliste

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage[00:09:39] – Alors les deux dernières années à l’Icam, c’est la poursuite de la formation. C’est le début aussi d’une immersion plus importante dans l’entreprise. Dans quoi faire après ses études d’ingénieur ? Vers quoi se tourner ? Et j’ai eu la chance d’être pris en stage dans une équipe de maîtrise d’œuvre qui a assuré une conception technique et le suivi de travaux pour la construction d’une ligne de tramway, donc ingénieur en transports publics, j’ai intégré cette équipe pendant six mois sur des missions très transverses et très générales de gestion de projet, dans un contexte d’études de projets techniques importants. C’est venu un peu concrétiser l’idée de ce que je me faisais de ce qui m’allait et de ce dans quoi je me sentais bien. 

La vie d’ingénieure après l’Icam

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:10:24] – Je suis diplômée ingénieure en 2005. Le choix de stages que j’ai fait m’a conforté dans l’intérêt de travailler exclusivement dans des milieux techniques mais sur des missions un peu plus générales. L’environnement économique de ces années-là n’était pas très dynamique. Même si on est préparé à la recherche de travail et à un certain nombre de techniques, ça reste une expérience assez particulière de quitter les bancs de l’école, de quitter 500 jeunes de notre âge pour se retrouver derrière son bureau, à la maison, chez nos parents, et essayer de chercher. Ça donne un peu l’impression de se retrouver seul au milieu de l’océan et envoyer des bouteilles à la mer pour essayer d’être retenu pour des entretiens ou pour un poste. Je pense qu’on n’en fera jamais assez pour préparer les jeunes à ce genre de moments qu’on vit à différents moments de la vie professionnelle de toute manière, qui amène à des questions qui doivent être et qui seront rencontrées par les gens tout au long de leur carrière. Et donc, je pense qu’on n’en fera jamais assez pour préparer à ces questionnements-là et à la manière de se poser ses questions pour comprendre quoi faire après les études d’ingénieur, comment évoluer, discriminer les choix qui permettent d’orienter des recherches de manière très ciblée. 

Trouver un métier d’ingénieur

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:11:38] – Fin 2005, j’ai couru un certain nombre de salons professionnels pour rencontrer des recruteurs et des entreprises qui étaient en phase de recrutement. Et puis, au hasard d’un salon à Paris, je crois, j’ai rencontré un employeur qui cherchait à étoffer ses équipes et se tournait vers des profils de juniors après avoir longtemps prospecté sur des profils d’experts. Et donc j’ai eu la chance de pouvoir intégrer une équipe de maîtrise d’ouvrage en charge de la réalisation d’une ligne à grande vitesse dans l’est de la France pour suivre une phase de travaux chez Réseau Ferré de France, qui était le propriétaire et gestionnaire du réseau ferré national à l’époque. Et donc, je me suis à nouveau lancée entièrement dans cette nouvelle expérience de réalisation de travaux d’ouvrage de grande ampleur qui était quelque chose qui était encore plus nouveau pour moi que tout ce que j’avais fait auparavant. Alors, sur ce poste, au sein de l’équipe de maîtrise d’ouvrage, par la création d’une ligne à grande vitesse, j’étais le binôme d’un chargé de l’opération qui était en responsabilité sur à peu près 60 kilomètres d’infrastructures nouvelles à construire, donc de piloter cette maîtrise d’œuvre, de piloter l’ensemble des prestataires, les différents experts qui concourent à la validation des études et surtout au lancement des travaux. Et puis, les missions les plus importantes étaient aussi la présentation du projet, le lien au territoire avec l’ensemble des maires et des communes et des riverains qui étaient le long de cette infrastructure. On était tous les deux le relais et l’animateur sur le terrain du projet et de l’accompagnement de sa réalisation. Ce sont des missions extrêmement diversifiées qui sont très transverses et qui sont, pour une grosse partie du temps, très liées à la relation et aux liens qu’on crée avec d’un côté les prestataires qui ont à répondre aux objectifs techniques du projet et puis de l’autre à l’ensemble des riverains et des parties prenantes du territoire qui eux, subissent un peu le projet. Et l’objectif, c’est de transformer cette phase un peu complexe pour eux en opportunité et de faire accepter le projet, mais surtout ces travaux au sein de l’environnement et du territoire que le projet traverse. Les quatre ans passent beaucoup trop vite. C’est déjà une phase très intense quand on accompagne des travaux, surtout sur des infrastructures aussi complexes, tout va toujours très vite. Ça a été vraiment assez fondateur

J’ai eu la chance d’être extrêmement bien accueillie par les différents partenaires avec lesquels on a travaillé, et notamment au sein de la maîtrise d’œuvre avec laquelle je travaillais. J’ai eu la chance de travailler avec des gens qui étaient à leur dernier poste, qui n’avaient plus grand chose à prouver à personne, qui avait fait des grands travaux toute leur vie et qui étaient dans le partage et dans la transmission, même si j’étais le client et qu’ils étaient les fournisseurs. Et ça a été extrêmement fondateur pour moi puisqu’ils ont réussi à me transmettre des choses essentielles qui sont l’essence d’une vie professionnelle, mais surtout d’une vie tout court : le partage, le fait de pouvoir avancer dans l’adversité par rapport aux difficultés rencontrées, en étant le plus bienveillant possible, le plus objectif possible et en essayant de surmonter ou d’accompagner chacune de ces étapes en ayant à cœur de le faire avec les gens tels qu’ils sont et comme ils sont et malgré ce qu’ils sont peut être et malgré ce que nous sommes nous personnellement aussi, pour que ça ne soit juste pas qu’un travail mais véritablement une partie d’une vie de quelqu’un. On est d’abord dans une relation entre hommes, entre personnes, et que, peu importe ce qu’on y fait et le fait de surmonter ou d’atteindre les objectifs, l’important, c’est comment on le fait avec les gens plus que l’objectif qu’on atteint en soi. On était à une petite année avant la mise en exploitation du projet et pour un certain nombre de raisons, et notamment personnelles, j’ai pris la décision de quitter la Franche-Comté et de m’installer ailleurs. C’est un peu l’apanage des grands projets, ils ont une fin. Généralement, la suite, elle, ne se passe pas toujours au même endroit et donc j’ai quitté le projet un an avant la fin en ayant conscience que ça allait être difficile de ne pas accompagner, de ne pas aller au bout et je l’ai intellectualisé. Je ne m’étais pas préparé à le vivre de manière aussi complexe, avec des vraies étapes de deuil. 

Des nouveaux projets et défis professionnels

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:00:06] – Après le projet en Franche-Comté, je suis remonté sur Lille. J’y ai passé quatre ans et demi, cinq ans sur des missions différentes, toujours au sein du Réseau Ferré National, pour accompagner des programmes de développement en gare, du renouvellement d’ouvrages existants. Et puis, en 2014, le directeur avec lequel je travaillais en Franche-Comté m’a proposé de rallier un grand projet en Île-de-France. La perspective de repartir sur des grands projets et des projets uniques m’a très vite emporté. Donc, en 2015, j’accepte ce nouveau défi avec la joie de revenir à la création de grands projets d’infrastructures. Et donc je rejoins l’équipe de maîtrise d’ouvrage pour le prolongement du RER E vers l’Ouest. Donc le RER E aujourd’hui s’arrête en plein Paris, à côté de Saint-Lazare, en souterrain.

En quoi consiste ce nouveau projet d’ingé maitrise d’ouvrage ?

Le projet consistait à prolonger ce souterrain jusqu’à Nanterre en créant trois gares, une sous la porte Maillot et une sous le CNIT à la Défense et une à Nanterre, avant de se raccorder sur des voies existantes jusqu’à Poissy. J’ai rejoint les équipes de maîtrise d’ouvrage du prolongement du RER, E, pour m’occuper du développement du projet sur le site de Nanterre. Donc, on y construisait un plan de voies tout neuf, une gare nouvelle, des équipements de maintenance et de garage de rames. Mon rôle au sein de l’équipe était la prise en charge totale de l’ensemble du périmètre du programme sur ce site-là, toutes techniques confondues, que ce soit des ouvrages, de la voie, de la signalisation. Des missions et des responsabilités plus complètes et plus en autonomie qu’en Franche-Comté. Donc j’étais sur Nanterre pendant à peu près trois ans avec une petite pause au milieu. 

La construction d’une gare souterraine à la Défense

Et puis au bout de trois ans, j’ai eu l’opportunité au sein du projet de poursuivre dans ces missions de maîtrise d’ouvrage mais sur un site un peu plus complexe qui est juste à côté de Nanterre, à la Défense pour la construction d’une gare, cette fois-ci en souterrain, avec des tunnels autour. Et donc là, mon métier, ma responsabilité se sont beaucoup plus étoffés et ont gagné aussi au passage en intensité. Ces missions que je fais depuis trois ans maintenant. Cette partie de l’opération et sur un site spécial qui est le premier quartier d’affaires européen qui vit à 200 à l’heure tout le temps et dans lequel il n’est pas forcément aisé de faire des travaux de base, encore moins de créer une gare à 30 mètres sous le terrain naturel d’un volume qui est équivalent, pour donner une image, à la tour Montparnasse couchée. Et donc dans un environnement de vie au quotidien qu’on ne peut pas perturber. C’est un vrai défi pour les équipes qui ont conçu ce projet, qui suivent les travaux et pour les entreprises de travaux qui réalisent ces travaux. Et moi, je suis un petit peu au milieu de tout ça, à animer, à piloter l’ensemble de ces entités-là pour assurer qu’au quotidien tout se passe bien mais surtout que les objectifs à moyen et long terme sont bien tenus, tout en assurant le relationnel du quotidien avec les parties prenantes et l’environnement direct du chantier pour accompagner les travaux et faire en sorte que tout ce que l’on fait permette à ce territoire assez spécial de les accepter, de les intégrer, et d’attendre avec impatience la nouvelle gare. Oui, oui, ce que je fais me plaît. C’est important de se le demander régulièrement. L’environnement du projet est compliqué, les partenariats aussi très compliqués. Néanmoins, je retrouve les éléments qui sont essentiels. Pour moi, c’est un peu comme la vie de famille : je choisis au quotidien de continuer et malgré les difficultés, de rester impliqué et de rester connecté à ses équipes, qu’elles soient mes collègues en direct ou les prestataires avec lesquels je travaille pour continuer cette œuvre commune qu’on est tous en train de réaliser, malgré les difficultés qui sont très très nombreuses au vu de la complexité de l’ouvrage et au vu de la complexité des sites que l’on traverse. 

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:20:25] Et c’est très important pour moi, éclairée par ce que j’ai vécu dans mes premières années professionnelles, de faire ce choix, de continuer un poste, des missions, des responsabilités qui me permettent au quotidien non seulement d’être fière de ce que je fais, de ce à quoi je contribue mais surtout d’être contente de le faire avec les gens avec qui je le fais. Même si je ne peux pas vous dire que j’adore 100 % des personnes avec qui je travaille ou que je côtoie, mais néanmoins dans le cœur de mon environnement du quotidien, oui, je suis fière et contente de faire ça avec eux. Ce sont des projets, ils sont addictifs quand en plus, on les accompagne pendant quelques années, on identifie des petits sujets, des petites choses qui sont ce qu’elles sont parce qu’on y contribue à un moment, ça peut être d’avoir accompagné la décision sur le choix d’un matériau, sur le fait de valider la forme d’un ouvrage ou sa manière de s’implanter dans l’environnement ou dans la ville, ce sont des petites choses, mais dans lesquelles on se reconnaît parce qu’on sait qu’on y a contribué et qu’ils sont ce qu’ils sont, parce qu’on y a mis du nôtre. Et en même temps, ce n’est que du métal, du béton, qui ne sont que des petits bouts d’un ensemble beaucoup large et complexe. C’est addictif parce qu’on souffre parfois pour les accompagner et leur donner vie. Et puis aussi, c’est ça la magie de travailler sur dans les projets publics et encore plus dans les projets d’infrastructures, notamment ferroviaires, c’est qu’on fait des objets uniques qu’on ne fera certainement plus jamais. Faire une gare dans Paris sous la Défense, alors il y a le Grand Paris aussi qui arrive, mais on sait que ce sont des objets qui auront une vie propre derrière nous et qui contribueront à la vie du quotidien de tellement de gens qu’il y a une affection qui se crée, qui nous dépasse parfois. Les travaux du projet sur lequel je travaille depuis 2014 sont en cours depuis 2017, depuis 2016 même, et donc ils battent leur plein et on est en train de terminer le génie civil pour passer aux autres corps de métiers qui ont déjà un peu commencé mais qui vont prendre encore plus d’ampleur là dans les mois à venir. Véritablement, on passe un cap en ce moment-là depuis six mois et encore pour les quelques mois à venir et on voit l’objet, les objets devenir réalité, prendre corps. C’est assez fou et assez excitant. 

Un mot de la fin pour les futurs ingénieurs Icam ?

Aurélie Carnel, Ingénieur maitrise d’ouvrage [00:22:51] – Ce que je retiens en priorité de mon apprentissage et de cette période de vie au sein de l’Icam, ça n’est pas en premier lieu les aspects techniques, même si ça a forgé une construction intellectuelle et technique, ce n’est pas ça que je garde. C’est véritablement le questionnement permanent qui est proposé au sein des différents enseignements et dans les matières complémentaires qui sont amenées notamment dès les phases préparatoires. On passe notre vie au travail, en tout cas, on passe un nombre d’heures incalculable, ce que l’on fait et les objectifs qu’on vit ne sont pas une fin en soi. La manière dont on les vit avec les gens avec lesquels on est est tout aussi importante que le résultat, que l’échec, que l’objectif. Et en ça, la formation qu’on a à l’Icam est fondamentale parce qu’elle accompagne cette compétence-là et cette compréhension que la technique, l’objectif n’est pas une fin en soi, mais que c’est véritablement la manière dont on le vit qui est importante. 

Conclusion du témoignage « Parcours d’ingénieurs »

Camille Schneller [00:24:01]Je suis Camille Schneller. Vous venez d’écouter le sixième et dernier épisode de la saison trois de Parcours d’ingénieur, un podcast de l’Icam dans lequel des ingénieurs vous racontent leur chemin de vie, de leurs études à leur vie professionnelle. J’espère que ce parcours vous a permis de voir comment même un avenir qui nous paraît lointain et flou peut s’avérer galvanisant et passionnant. Vous pourrez retrouver tous les épisodes de cette série sur toutes les plateformes de podcast. L’Icam forme des ingénieurs généralistes avec trois parcours possibles dans des campus répartis sur quatre continents. Et si vous souhaitez en savoir plus sur nos formations, je vous invite à visiter notre site web Icam.fr et à nous rencontrer. À bientôt.

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