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Guillaume Gautreau


21 Jan 2019

Comment as-tu choisi ta mission internationale ?

Je tenais absolument à explorer un champ totalement différent des connaissances que l’on acquiert à l’Icam. J’avais décroché un poste en marketing international à Seattle, puis finalement on m’a proposé une opportunité dans un bidonville en Inde, pour une ONG Belge nommée Toolbox.

En quoi consistent les missions de cette ONG ?

Elle conseille et soutien des ONG locales pour améliorer leur gestion, leur organisation, les rendre stables économiquement et pérennes. J’ai mené une mission de conseil en organisation et gestion pour un centre de formation, ce qui est effectivement un nouvel apport au regard de mon cursus.

Qu’as-tu réalisé sur le terrain ?

J’ai passé une semaine à Bombay pour me former à leur méthodologie, puis j’ai rejoint les bidonvilles de Calcutta. J’ai créé un plan stratégique pour SHM, « Samaritan Help Mission », afin de soutenir leur action : proposer une offre scolaire et des programmes sportifs aux enfants des bidonvilles; aider les femmes à se professionnaliser dans les métiers tels que la couture ; et enfin améliorer les conditions de vie, par un meilleur accès à la nourriture et aux soins.

Comment as-tu vécu sur place ?

Je voulais un choc culturel, j’ai été servi ! J’ai vécu dans un tout petit logement sous la maison du directeur, je dormais sur une natte à même le béton, cohabitant parfois avec des cohortes de fourmis rouges. La vie de la ville ne s’arrête jamais, le bruit est constant, venant de la gare, de la circulation ou du muezzin qui me réveillait plusieurs fois par nuit… Sans compter que c’était la mousson avec 27 jours de pluie sur 30 ! C’était chaud, humide, et l’électricité coupait très souvent.

As-tu vécu un décalage culturel professionnel ?

Quand il y a un problème… Il n’y a pas de problème ! Il faut apprendre à décoder le langage non verbal, ils répondent toujours oui… quel que soit ce qu’ils feront ensuite ! La relation au temps et la définition de l’efficacité au travail sont aux antipodes des nôtres. Ils se donnent des objectifs, mais peu de contraintes de temps, les délais glissent constamment. Il y a beaucoup de monde et peu de travail. Pour éviter aux personnes de tomber dans le vol ou le trafic, la clé est donc de découper toutes les taches pour que chacun soit occupé. Le plus important, c’est que l’équipe travaille dans un bon esprit, que chacun ait une fonction et semble heureux. Les grandes villes sont… très grandes et embouteillées. Certains font 4h de transport par jour aller et retour travail, il n’y a pas toujours de temps de travail fixe d’exigé, chacun fait ce qu’il peut.

Quelle est la rencontre qui t’as le plus marqué ?

La rencontre avec la famille du directeur chez qui je vivais. Ils sont très conviviaux, ils partagent tout et savent mettre à l’aise. J’ai vécu le Ramadan dans un quartier à 80% Musulman. Moi l’européen de culture chrétienne, j’étais l’invité, traité comme un roi, eux et moi partageant la même humanité. Le directeur m’ont accueilli et choyé comme leur propre fils.

Quels enseignements tires-tu de cette expérience ?

Je comprends mieux les conditions de pauvreté des indiens des bidonvilles. Cela m’a appris à apprécier notre confort européen. J’ai aiguisé ma capacité d’adaptation et appris à vivre de façon basique. La religion organise et rythme toute la vie, 24h/24h. Pour bien vivre la relation à l’autre, il faut accepter sa vision du monde. L’empathie que j’ai développée m’a sans aucun doute aidée pour ma mission. J’ai été ravi de faire quelque chose de concret, qui va permettre à SHM de pérenniser ses actions au profit des habitants.

Comment vit-on « l’après » d’une telle expérience ?

Deux mois après mon retour, je vis toujours le contrecoup. C’est une expérience incomparable, je ne peux la mesurer à rien d’autre de ce que j’ai pu vivre auparavant, qui a renforcé mon envie de voyager : je profiterai sans doute de mon Mémoire Scientifique et Industriel en 5e année pour cela, mais j’expérimenterai un tout autre univers.