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Léo Carpentier, aventurier des pratiques durables


12 Déc 2022

Ingénieur Icam, Léo Carpentier a co-fondé l’association Jybe avec ses deux amis d’enfance, Emilien et Lucas, avec qui il navigue autour du monde pour mettre en avant les pratiques durables rencontrées dans les diverses parties du Globe qu’ils visitent. Léo nous présente son épopée et son parcours !

Peux-tu te présenter et nous parler du projet Jybe ?

J’ai 24 ans et je suis diplômé de l’Icam, site de Toulouse, depuis 2021. Pour expliquer ce que je fais aujourd’hui, il faut revenir un peu en arrière. Il y a de ça quelques années, j’ai co-fondé avec deux amis d’enfance une association dont la vocation est de partager des initiatives en faveur du développement durable. L’idée initiale était de ne pas faire comme toutes les associations en apportant une solution technique mais plutôt de mettre en avant ces actions positives pour un monde meilleur. Le projet était aussi d’aller voir à l’étranger comment le développement durable s’exprimait, de partager toutes nos découvertes pour les « ramener en métropole ».

Pour voyager tout en limitant notre impact, nous avons décidé de partir en voilier et après plus d’un an de développement de l’association, nous avons reçu un bateau en donation. C’est là que mon rôle commence à apparaître.

Ce bateau, Noddi, était en bon état mais pas apte à la navigation. Il fallait le rénover, si possible faire une éco-rénovation et dans la bande des trois, même si je ne connaissais rien au monde des bateaux, j’étais le plus technique. Je suis donc devenu le monsieur bricolage et avec Emilien qui connaissait très bien les bateaux, on a réussi à relever ce défi. Puis nous sommes partis en octobre 2021 en voyage autour du monde.

Aujourd’hui, j’ai gardé cette casquette technique puisque je suis responsable de l’entretien et de la maintenance du bateau et des équipements. Cela comprend les parties motorisées, l’électricité à bord, le gréement et les divers équipements. En plus de ça, j’ai aussi la casquette de médecin de bord. En mer, je suis équipier, donc je barre à tour de rôle avec les autres.

À côté de ça, je participe à la création des contenus de l’association, que ce soit des articles ou des vidéos, car c’est la vitrine du projet (et sinon le voyage manquerait aussi de sens pour moi). Pour finir, du fait d’être un des co-fondateur, j’ai aussi à ma charge (partagée quand même avec mes deux acolytes) tout l’aspect gestion de l’association : les partenariats, les financements, les relations professionnelles… Cela aussi partie du travail de l’association.

En quoi ta carrière actuelle est-elle source de joie et d’épanouissement ?

En ce moment, j’ai l’impression d’aller au bout de mes rêves et de mon projet. Il y a quelques années, lorsque j’ai commencé à parler de l’association et de notre volonté de voyage, c’était difficile de nous prendre au sérieux. Ce n’était qu’une idée. Aujourd’hui, j’y suis et je le vis. J’apprends et je découvre des choses tous les jours.

Avec le voyage, j’ai l’impression de grandir et d’apprendre à me connaître à chaque étape. Bien sûr, il y a des moments difficiles, voire même des moments qui me donnent envie de rentrer, mais j’essaye de me concentrer sur l’objectif.

J’aime mon travail d’aujourd’hui car c’est moi qui l’ai construit avec mes deux amis. Nous allons au bout de nos convictions et du coup, je me sens utile, aussi bien pour mes compagnons que pour l’association, car mes compétences sont complémentaires aux leurs.

J’ai aussi l’impression d’avoir appris énormément de choses d’un point de vue professionnel. On essaye de gérer l’association comme une entreprise et vu que nous sommes à trois, il faut diversifier ses tâches. Cet apprentissage aussi participe à mon épanouissement.

Pour finir, le voyage et les missions de l’association nous font rencontrer énormément de personnes d’horizons différents et c’est ça qui me permet de m’épanouir le plus. Chaque rencontre, chaque culture, chaque peuple, chaque pays m’apporte un petit quelque chose qui me change. Je pense que je deviens un peu l’image du voyage que je réalise.

Quel a été ton parcours avant Jybe ?

J’ai réalisé mes études en apprentissage et pendant mes trois dernières années, j’ai travaillé dans une entreprise située dans la région parisienne qui s’appelle Diaminter et qui crée de la PLV pour des marques de cosmétiques. Avant cela, j’avais fait un stage ouvrier chez Zodiac Milpro en Espagne.

Durant ma période d’alternance, j’ai eu plusieurs postes différents, de la production aux bureaux d’études, afin de me former sur un large éventail de métiers de l’industrie. J’ai donc commencé en tant qu’ouvrier en production, puis je suis passé sur des postes de technicien notamment en amélioration continue. Ensuite, à la fin de la première année, je suis parti en Angleterre trois mois pour apprendre le lean manufacturing. Ça a vraiment été un moment où je me suis énormément épanoui dans ma vie d’alternant. À la suite de cette expérience, je suis parti un mois et demi en Turquie pour travailler en tant que développeur.

Après cette parenthèse à l’étranger j’ai changé de services pour travailler dans un bureau d’études de conception et d’innovation pendant ma deuxième année. C’était un tournant à 180° pour moi qui n’avais travaillé qu’en production jusqu’à lors. J’ai donc évolué au poste de concepteur, puis de responsable du fablab et enfin de pilote des projets innovation.

Pour ma troisième année, j’ai travaillé dans un premier temps pour les bureaux d’études, mais je suis vite retourné en production pour un gros projet de réorganisation.

Quelles qualités/compétences apprises à l’Icam mobilises-tu, aujourd’hui, pour répondre aux défis que tu rencontres ?

Comme je l’ai dit précédemment, je porte la casquette technique de l’équipe et cela grâce aux compétences apprises à l’école. Par exemple, Emilien qui à aussi fait une école d’ingénieur n’a pas du tout les mêmes connaissances que moi. Sur la partie rénovation et entretien du bateau, j’ai travaillé en grande partie sur l’autonomie électrique, grâce aux cours que j’avais en parallèle.

Mis à part ces connaissances techniques, je pense surtout que l’Icam m’a apporté une façon de réfléchir et d’aborder l’environnement qui m’entoure. À chaque escale, il faut s’imprégner d’une nouvelle culture et travailler avec de nouvelles personnes. Et si on veut que ça se passe bien, il faut être curieux, s’intéresser à l’autre sans lui porter de jugements, essayer de le comprendre au maximum. Cela demande de l’humanisme et de l’altruisme, mais aussi de savoir se « relire soi-même » pour réfléchir à sa propre posture. C’est sûrement cette étape qui est la plus difficile et par exemple pour ma part, les temps en mer sont importants, car ils me permettent de réfléchir. C’est un petit peu l’héritage de la pédagogie de l’Icam que je garde.

Si c’était à refaire, choisirais-tu certains événements de ton parcours différemment, ou bien ferais-tu la même chose ? Pour quelles raisons ?

Si c’était à refaire, je pense que je referais tout pareil car j’ai la conviction que même mes mauvais choix m’ont forcément apporté. On dit souvent que l’on apprend de ses erreurs et je pense que c’est vrai.

Néanmoins, si je devais donner un conseil à mon “moi” d’il y a quelques années, je pense que je lui dirais de davantage parler du projet, surtout à ses débuts, car même si les gens n’y croient pas, il a forcément au moins une personne que ça touchera. Les opportunités et les aventures arrivent souvent comme ça.

Quelles sont tes aspirations pour l’avenir ? As-tu déjà des projets très précis en tête ?

Pour le moment non, je n’ai pas de projets précis pour le retour en métropole. Je me concentre d’abord sur les recherches actuelles de l’association qui portent sur la biodiversité en Indonésie et sur le prochain sujet à venir : l’habitat durable. C’est important pour moi de rester bien concentré sur le présent.

Après oui, j’ai des envies pour l’avenir. J’aimerais bien me réinstaller à Toulouse à mon retour et profiter de mes amis et de ma famille. Du côté professionnel, je ne sais pas vers quoi je veux aller, mais je sais que mes exigences concernant l’éthique et la philosophie de l’entreprise seront importantes. Je sais aussi que je ne pourrai pas retourner dans des bureaux, devant un écran. J’ai besoin de réel, de concret. J’ai besoin dans mon travail d’avoir du monde autour de moi et de me sentir vraiment utile. Par exemple j’aimerais bien un jour pouvoir transmettre tout ce que j’ai appris lors de ce voyage mais pour le moment, ce n’est qu’une idée. J’ai aussi pris goût à l’entrepreneuriat, même si le mien est associatif, et j’aimerais peut-être aussi continuer dans cette voie.

Quels conseils donnerais-tu à un ou une élève Icam actuellement en formation ?

Je pense que je lui dirais de profiter à fond de ces années car pour moi, mes années Icam sont parmi les meilleures que j’ai passées. S’il avait des projets, je pense que je lui dirais de foncer et d’essayer. Que parfois, on ne sait pas par où commencer et du coup, on ne commence jamais. Ou alors on a peur de rater, et du coup on ne fait rien. Je pense que je lui dirais d’essayer et de se lancer et que même si ça n’allait pas jusqu’au bout, et bien au moins il n’aurait pas de regrets.

Lire l’article Jybe nous invite à participer à l’aventure !