Xavier Damiens
14 Fév 2019
Peux-tu nous présenter le projet d’action solidarité ?
C’est un module obligatoire, de deux heures par semaine environ, pour tous les élèves de 2ème année. Des associations nous ont été présentées et chacun a pu intégrer celle de son choix. Les projets sont très variés : se rendre auprès des SDF pour qu’ils ne restent pas isolés, rénover des jouets et lire des livres à des enfants hospitalisés, etc. Certains ont choisi de réaliser ce projet différemment, en partant par exemple en Thaïlande cet été, afin de rénover une école.
Quel projet as-tu choisi ?
J’ai choisi de soutenir l’École de production de l’Icam, qui accueille des élèves en CAP, BEP ou Bac professionnel. En situation d’échec scolaire, ils ont envie de s’insérer dans la société. Comme ils sont en difficulté à l’école, des élèves-ingénieurs viennent les aider le jeudi après-midi, dans le cadre de l’action-solidarité.
Quelle forme prend cette aide ?
Je suis le « parrain » d’un élève de l’école de production, que j’aide à faire des exercices de français, de mathématiques ou d’histoire-géographie, donnés par les professeurs. Le but est qu’il comprenne et intègre les mécanismes fondamentaux. De plus, je reçois également ses bulletins, avec ses notes et appréciations, afin de pouvoir en parler avec lui. Mon but est de le mettre en confiance et de l’accompagner, grâce à un discours valorisant envers lui.
Peux-tu nous parler de ton filleul ?
Mon filleul s’appelle Geoffrey et il étudie la mécanique automobile. Il est en première année et il a 15 ans. Les jeudis après-midi, je vais travailler avec lui dans mes salles de cours ou à la bibliothèque. Ce sont des endroits où il ne se rend pas habituellement.
En dehors du soutien scolaire, arrivez-vous à partager des moments conviviaux ?
Nous avons déjà partagé un repas, pour lequel chacun devait préparer un plat. Nous nous sommes bien amusés. La semaine prochaine, nous avons programmé une sortie vélo. Cela se passe plutôt bien avec Geoffrey. Cependant, il reste très introverti et établir une relation personnelle est assez difficile.
Pourquoi as-tu choisi d’aider l’École de production ?
J’ai le sentiment que nous appartenons à la même école. Comme tous les élèves-ingénieurs, j’avais des a priori. Je pensais que les personnes en échec scolaire ne travaillaient pas. Or, beaucoup n’ont pas une situation aussi simple que la nôtre et ils n’ont pas été amenés vers la réussite. De plus, ils ont senti que l’école n’est pas faite pour ceux qui préfèrent le travail manuel.
Finalement, j’ai découvert que les élèves de l’École de production sont motivés pour s’y rendre. Ils savent se tenir, comme nous, même s’ils ont plus de difficultés à l’école. D’ailleurs, je trouve dommage que seuls 20 à 30 élèves-ingénieurs participent au projet, car les préjugés sont tenaces.
À ton avis, pourquoi l’Icam propose ce projet ? Quel sens peut-il avoir dans une formation d’ingénieur ?
Ce projet est un facteur de mixité sociale et nous amène à rencontrer d’autres profils que les élèves-ingénieurs. Créer une relation avec les personnes qui feront de la production nous permet de casser les préjugés plus tôt, avant d’arriver en entreprise.
Ce projet amène aussi une forme d’ouverture, car l’Icam forme des ingénieurs non seulement performants mais aussi humains, qui s’intégreront facilement dans le monde de l’entreprise!
Est-ce que cette action t’a donné envie de continuer à t’impliquer pour ce type de cause ?
Je souhaiterais continuer à m’impliquer dans l’École de production de manière bénévole. De plus, j’ai beaucoup apprécié la forte personnalité de l’éducateur porteur du projet. J’essaie de proposer des axes de réflexion. Par exemple, j’aimerais bien que les filleuls nous apprennent à faire quelque chose dans leurs domaines techniques. Je pense que cet échange et cette inversion des rôles pourraient être intéressants.