Rebondir, toujours : le mantra de Jérémy David, ingénieur « tout terrain »
6 Oct 2025
Jérémy, 33 ans, est diplômé depuis 2015. Il a choisi la formation sous statut apprenti à l’Icam, site de Bretagne à Vannes, avec une volonté : mettre un pied dans le monde du travail le plus rapidement possible pour être autonome. Durant son parcours, il a toujours su se dépasser et même dépasser les frontières.
Aujourd’hui chef de marché dans la branche aéronautique du groupe Hutchinson au Japon, son travail l’amène en Chine, en Corée du Sud, au Japon et à Taiwan. Une mission enrichissante pour laquelle sa formation d’ingénieur généraliste et la façon de penser, apprise à l’Icam, lui sont, au quotidien, très importantes.
Jérémy, comment s’est fait le choix de ces études post-bac à l’Icam ?
J’ai fait un Bac scientifique mais lorsqu’on est lycéen, ce n’est pas évident de savoir ce que l’on veut faire ensuite. En terminale, j’étais plutôt bon élève, j’avais des amis plus âgés qui étaient déjà dans la vie active et j’avais très envie d’être également indépendant. J’ai donc recherché les possibilités d’études qui permettent de se professionnaliser, d’accéder rapidement à cette indépendance et d’atteindre un certain niveau d’études. C’est comme ça que je suis tombé sur l’Icam, avec son parcours apprentissage.
Qu’est-ce qui t’a plu ?
En fait, je me souviens surtout d’une journée porte-ouverte. Il y avait beaucoup d’étudiants en apprentissage qui travaillaient, qui étaient autonomes et épanouis et ils ont eu un discours rassurant et positif. J’avais fait pas mal de portes ouvertes, pour des DUT et d’autres écoles où les gens étaient plus négatifs. Pour l’anecdote, je n’étais pas très bon en anglais et parmi les professeurs présents, il y avait un professeur d’anglais, Graham, qui avait fait le show. Ce sont des personnalités qui vous marquent parce qu’ils vous donnent l’envie d’apprendre.
Peux-tu nous raconter tes années à l’Icam ?
J’ai intégré l’Icam, site de Bretagne en parcours apprentissage. A la fin de la 2e année, nous avons à rechercher un apprentissage, et je l’ai trouvé au sein de la société Kuhn, constructeur de matériel agricole, au service méthode. On rentre dans un cycle de trois années qui est très intense et très intéressant. C’est une période que j’ai adorée. L’apprentissage a combiné tout ce que je voulais : une mise en application très rapide de ce que nous apprenions, faire des ponts entre la théorie et la pratique et cette autonomie financière que je voulais atteindre.
Durant mes cinq années à l’Icam, j’ai construit une capacité à travailler, une réflexion mathématique et logique, et une façon de penser. Ce que je retiens aussi, c’est la formation humaine et la pédagogie de la décision, avec le cheminement pour comprendre ce qui nous amène à cette décision. Tout cela m’est utile aujourd’hui, au quotidien. Et puis je me suis aussi créé un cercle d’amis, qui le sont toujours aujourd’hui !
Ce qui t’a marqué ?
Les rencontres. J’ai rencontré des étudiants avec des profils très différents, qui venaient de milieu différent du mien, et qui savaient déjà ce qu’ils allaient faire plus tard. Ils étaient passionnés et s’épanouissaient dans leur travail. Ils m’ont amené à réfléchir différemment et à voir les choses autrement.
Les voyages aussi. Le premier était en Angleterre. C’était déjà beaucoup pour moi qui n’avait jamais vraiment voyagé. J’ai également effectué une mission de trois mois en Irlande et j’en ai profité pour aller voir des collègues étudiants aux Etats-Unis. On sort de sa coquille, on s’ouvre et on découvre d’autres cultures. Le monde devient alors plus grand ! J’ai fait aussi, personnellement, un road-trip à travers l’Europe, et nous sommes même partis, avec plusieurs amis de la promo, au Japon… D’ailleurs, je ne sais même pas comment on a réussi financièrement à le faire ! Il y a eu des galères mais c’est quelque part un plaisir. C’est un défi avec soi-même, montrer qu’on est capable et sortir de sa zone de confort.
L’après-Icam, tu l’écris justement à l’international. Peux-tu nous en dire plus ?
C’est à l’Icam qu’est née, au fur et à mesure des expériences, cette volonté de travailler à l’international, qui est un vrai plus dans une carrière. Quand j’ai été diplômé en 2015, j’ai commencé à travailler (chez Airbus, pour Alten) mais j’avais 23 ans et pas encore d’attache familiale, c’était le bon moment. J’ai décidé de compléter ma formation d’ingénieur par une formation dans le commercial. Et c’est dans ce cadre que je suis parti au Japon pour un semestre d’études dans l’une des plus grosses facultés techniques de Tokyo et six mois de stage, ce qui m’a permis de mettre un pied dans le monde professionnel. Ce qui m’a attiré, c’est cette distance culturelle qui est plus importante qu’avec d’autres pays. Déjà à l’Icam, je m’étais renseigné pour pouvoir réaliser un VIE (volontariat international) et c’est finalement pendant mon stage au Japon que je l’ai trouvé, à l’été 2018, chez Hutchinson, dans leur branche aéronautique.
Et aujourd’hui, que fais-tu ?
Je continue toujours de travailler pour Hutchinson Aéronautique mais je suis devenu chef de marché. Tout ce qui est technico-commercial, lien client et définition des objectifs relève de ma responsabilité. Ma formation d’ingénieur est importante dans mon travail et j’ai justement été recruté parce que j’étais ingénieur. Quand je vais chez les clients, je suis en partie qualiticien, logisticien, commercial, ingénieur design et ma formation généraliste me permet de comprendre un peu tout, à la différence des commerciaux. C’est ce qui me donne, d’une certaine façon, une légitimité face au client. Je m’occupe, seul, d’une zone qui couvre le Japon, la Chine, la Corée du Sud et Taïwan. J’avoue parfois avoir eu quelques sueurs froides, quand on ne parle pas la langue et que l’on ne comprend pas ou quand on est seul, dans un coin un peu reculé, sans assistance à sept fuseaux horaires de son entreprise… Mais rien de trop grave ne m’est arrivé et j’ai toujours su ou pu rebondir !
Est-ce que, durant ton parcours, tu as eu des questionnements ou des choix à faire ?
A la fin de mon apprentissage chez Kuhn, en 2014, la guerre en Ukraine a éclaté, impactant tout le secteur agricole et il n’y a plus eu d’embauche à la clé. Il a fallu se remettre à chercher, ce qui n’est pas forcément simple, mais en même temps, ce que j’aime, c’est bouger, voir autre chose, ne pas être trop confortable… J’ai donc décidé de rechercher dans le secteur de l’aéronautique, par curiosité, et j’ai trouvé un poste. Cette expérience m’a ensuite servi quand j’ai postulé au sein de Hutchinson Aéronautique.
Autre souci, survenu en 2020, à savoir le Covid. Vivre le confinement, en avance de phase par rapport à la France, seul, de l’autre côté de la planète, a été très compliqué. D’autant que si on sortait du pays, on perdait son travail et son visa, et il n’était plus possible de revenir. Ça signifiait la fin de mon aventure internationale. A ce moment-là, oui, j’ai eu des questionnements et notamment si un membre de ma famille venait à décéder, qu’est-ce que je faisais… Je ne l’ai, heureusement, pas connu. Il y a eu aussi de nouveau gel des embauches en raison de cette pandémie mondiale, et j’arrivais à la fin de mon VIE. Petite inquiétude, mais ils ont fait une exception pour moi et m’ont proposé un contrat en local.
Et puis forcément, en vivant au Japon depuis plus de sept ans, j’ai loupé énormément de moments de vie, familiaux et amicaux, j’ai manqué des mariages, des naissances… Faire le choix d’une carrière à l’international, au grand international, c’est aussi accepter de ne pas pouvoir être partout. C’est pour cela que c’était aussi important, pour moi, d’être présent, cette année, aux 10 ans de notre promo.
Un mot pour conclure ?
Avec le recul, je voudrais dire aux étudiants de profiter de chaque moment (même si on ne s’en rend pas toujours compte) et d’en retirer le plus possible. L’Icam nous donne pas mal de clés, des logiques, des façons de penser qui vont nous guider pour le futur et il faut les saisir.
Et puis ce qui me plairait, c’est de pouvoir redonner ce que l’on m’a donné…